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La guerre des intelligences

Là où l’IA galope, l’IR piétine… Face à une course à la rapidité, la productivité et l’efficacité, l’exécution des machines intelligentes est de nature à rendre absolument non compétitif le travail humain.

Cependant, penser que l’intelligence artificielle (IA) puisse dépasser l’intelligence réelle (IR) témoigne d’une conception réductrice de l’intelligence. L’IA n’est qu’une extraordinaire puissance de calcul et d’agglomération de données. L’IR quant à elle bien que limitée et faillible, s’accompagne d’une conscience de soi, d’une capacité de réflexion, de décision, et donc d’une conscience responsable.

L’IR dispose d’une volonté consciente…L
e cerveau a cette capacité fantastique d’accéder à l’essentiel en éliminant les informations parasites et détails non signifiants. L’Homme fait des choix, se fixe des objectifs au service d’une finalité. Le cerveau est « une machine » à trier, sélectionner, retenir là où la machine est conçue pour retenir toujours un maximum d’information…

Quand la forme porte le fond 

Les calculs, le raisonnement logique ou analytique restent le propre et la force des calculateurs. Le fond est l’essentiel pour les machines. Le cerveau humain fonctionne quant à lui « en fonction » des formes : l’expression, la communication, les relations, les émotions. C’est cette qualité émotionnelle, indicateur actuel de l’intelligence qui permet le développement des compétences et la continuité des rapports et des liens entre les Hommes.

Le cerveau…en 3 mots : une très belle machine

Le cerveau est unique. Savoir qu’une cellule peut réaliser cinq mille contacts. Multipliez ce chiffre par les deux cents milliards de cellules et vous obtenez ce qui génère l’intelligence du cerveau soit environ un million de milliards d’interactions, en trois mots, c’est une très belle machine.

Cependant, nous ne savons toujours pas très bien comment il fonctionne. Il y a encore tellement d’inconnus et de mystères, avant de pouvoir l’imiter. Rassurons-nous : l’intelligence artificielle ne dépassera pas l’intelligence humaine dans un proche avenir que ce soit en termes de :

  • Intelligence sensorielle : l’IA commence juste à acquérir les capacités visuelles de l’homme. Les recherches sur les reconnaissances tactiles n’ont pas encore débuté.
  • Intelligence du langage
  • Conversation rationnelle

Là où le cerveau humain est analogique. L’IA prendra en charge les tâches routinières pour laisser aux Hommes les tâches à fortes valeurs ajoutées. Ce qui impose à notre IR de repenser la manière de concevoir, de les mener et de les vivre. L’IA nous renvoie à cette responsabilité.

Le numérique, le digital, les robots, l’IA restent des outils qu’il faut apprendre à maitriser et à contrôler, afin qu’ils ne contrôlent nos vies. Les robots ne sont ni gentils ni méchants et n’ont pas le moindre projet personnel. Ils font ce qu’on leur a dit de faire. Il convient de définir des règles du jeu, des limites ou en un mot : un cadre. C’est toujours à l’intérieur de cadres que l’Homme développe son autonomie et trouve sa liberté.

Mais qui décidera des règles à implémenter ?

Le chercheur s’inquiète du glissement du pouvoir des États vers les big companies, fortes de milliards de données sur les citoyens, et bientôt plus encore via les futures applications dotées d’IA analysant tous nos comportements pour mieux nous assister, nous contrôler ou nous manipuler.
Politiques, industriels, citoyens, il est urgent que chacun s’y intéresse, pour être en mesure de décider des limites éthiques à poser et bâtir le meilleur des mondes numériques possible. Sur le plan personnel à chacun de réfléchir et de convenir sur les limites qu’il laisse à l’outil IA au regard de ce qu’il a à faire, de ce qu’il veut faire et de la manière dont il veut le faire.

Le plus grand danger c’est nous. Lorsque, par ignorance ou par facilité, par manque de rigueur ou fainéantise, par confort consumériste nous déléguons les décisions et notre autonomie à la machine.

L’humanité aura-t-elle alors la moindre chance de garder le contrôle de sa destinée ?

La spécificité de l’être humain par rapport à la machine, c’est avant tout le fait même d’être vivant, d’intégrer la complexité et la fragilité de la vie, de porter en chacune de ses cellules les milliards d’années de l’évolution. Le biologiste Jacques Testart, père scientifique du premier bébé-éprouvette, l’affirme : « Je refuse le terme d’intelligence artificielle. Je parlerais de logique artificielle. C’est la partie logique qui est simulée. L’intelligence ne peut être que naturelle.

Article rédigé par Pierre Drelon, notre expert FG Learning